Une part de moi

MERCREDI 7 AVRIL

A trois jours de la première de ma nouvelle comédie, Critique Poursuite, j'aimerai parler un peu plus profondément de cette pièce dans laquelle, je l'avoue, j'ai mis un peu de moi. Sauf que, contrairement au personnage principal, je ne couche pas avec la femme d'un critique pour en avoir de bonnes... de critiques.

Naturellement, la pièce a puisé son inspiration dans le milieu professionnel dans lequel j'évolue. J'ai glissé par-ci, par-là, quelques anecdotes qui m'ont été rapportées ou que j'ai moi-même vécues. Parfois, de petites piques, même sur le théâtre de boulevard que je défends pourtant, viennent s'immiscer. Concernant le boulevard, je pense que ce genre qui est devenu un peu un fourre-tout et n'importe quoi.

De même, je me suis "attaqué" à ce relationnel assassin entre le boulevard et le milieu intellectuel, représentés dans la pièce par le couple que forment Franck Tergnier, le personnage principal, et sa femme Barbara. Car il faut savoir que le théâtre de divertissement est méprisé par l'intelligentsia - comme tout ce qui est populaire, d'ailleurs. J'en veux pour preuve cette mésaventure lorsque j'ai postulé pour entrer dans une compagnie théâtrale bordelaise se réclamant du Théâtre du Soleil d'Ariane Mnouchkine et qui ne m'a pas sélectionné, non pas à cause de mon jeu de scène (je n'ai même pas eu la possibilité de passer l'audition), mais parce que je travaillais pour le Théâtre des Salinières. Simplement pour ça. Je n'ai pas fait l'honneur à ces messieurs-dames de les évoquer dans ma pièce.

C'est à travers le personnage de Franck Tergnier que j'ai déclaré ma flamme au public et que j'ai fait une sorte de prise de conscience de ce que les spectateurs peuvent donner ou reprendre, et de ce que nous, comédiens, pouvont faire pour garder nos petites étoiles, garder notre drogue à nous : les applaudissements, les rires, les émotions... Je reconnais m'être un peu beaucoup lâché dans ce personnage.

Mais qu'on ne s'y trompe pas. Dans cette pièce, le milieu du théâtre reste une toile de fond. Le rire reste la prédominance. Ce qui n'empêchera pas d'aller dans l'émotion avec quelques éléments cités plus haut.

Voilà. Quelques mots sur Critique Poursuite. Ma pudeur m'empêche d'en dire plus. Pas assez. Trop. J'attends fébrilement le premier lever de rideau samedi soir à Mézin. C'est toujours un accouchement difficile. Espérons qu'il ne soit pas douloureux...

"Peut-être que mes comédies ne changeront pas le monde. Mais, en tout cas, elles le distrairont. Et c'est ça qui m'importe."

Franck Tergnier, in Critique Poursuite